C’est ici, en attendant le bus après la réunion de parents d’élèves, que je suis devenue Ségolène Royal. Bien sûr, ça ne s’est pas produit tout d’un coup. C’était le fruit d’un long mûrissement. Le verbe devenir est même impropre. En tant que professeure de lettres et passionnée de théâtre, je suis très attachée à la langue française : Ma patrie c’est la langue française. Aussi devrais-je dire que c’est cet arrêt de bus que je me suis révélée à moi-même. Car j’étais déjà Ségolène Royal depuis longtemps, cinquante ans environ. Mais je l’étais sans le savoir. Je n’avais pas encore pris la mesure de ce que c’était que de l’être.